Décérébration

Publié le par Oarystis

Décérébration

Parfois rien ne vient, ni rire ni pleurs ni pensée
Ca arrive à des moments inattendus
La phase d"hébétude complète et totale
Ce n'est même pas que je n'ai pas l'heure non
C'est que dans ce petit instant précis
Ou j'avais le bonheur de ne plus regarder
De ne plus réfléchir, de n'être pas plus ailleurs
Qu'ici ou proche d'un incertain là-bas
Non seulement je n'ai pas l'heure pour vous
Mais je ne sais même pas ce le mot veut dire
Je ne sais pas même ce que savoir signifie
Je n'entends pas le sens d'aucune lettre
Et je suis dans ces secondes que j'aime
Heureux et content de mon ignorance
Mais on peut faire confiance au monde
Qui n'a pas le savoir-vivre de vous oublier
On peut faire confiance à cette fatalité
Il vient toujours quelqu'un dans ces instants
Rares et riches de par leur absence de tout
Cet instant ou une personne s'approche
Et par la plus désagréable des sollicitudes
Vous demande doucement si ça va
Leur prévenance même est irritante
Et sans que je ne veuille vraiment réagir
La réponse réflexe s'exhale hors moi : hein ?
L'effroi masqué du à leur brutalité
Me saisit et je le dois pourtant cacher
L'effroi de voir en une petite terrible seconde
S'évanouir la béate torpeur qui tenait chaud
Qui m'engourdissait de calme stupidité
Et tout cette masse compacte de néant
Toute cette douce vacuité intellectuelle
A laquelle oui bien sûr je tenais tant
Les voir donc partir et disparaitre
Ou rentrer dans une lampe magique
Qu'il ne m'appartient pas de faire fonctionner
La surprise mèlée à la norme des convenances
Me fait devoir dire sans que la réponse
Soit d'un quelque intérêt pour quiconque
Oui ça va, et pousse parfois par politesse
A m'infliger de continuer à donner le change
Et à apporter ma pierre à l"édifice : Et toi ?
Alors la personne n'insiste pas, l'oeuvre est faite
D'avoir détruit certes à son esprit défendant
Mon moment rare et précieux de vide
Vous connaissez vous cette impression douce
Ou quoi que ce soit qui vous entoure
Il n'est pas d'artefact qui vous stimule
La prise est tirée, l'âme enfin déconnectée
Le bonheur fugace de ne plus exister
Votre regard part dans une direction fixe donnée
Et vous seriez bien en peine à décrire après
Ce que vos yeux regardaient droit ainsi
Qui vient donc vous soulager le corps
En débranchant tout, en feutrant les alentours
N'en parlez pas à vos proches, ne demandez rien
Ils vous reprocheraient de vous complaire en légume
C'est le sommet de l'idiotie diraient-ils
Alors que non c'est bien tout le contraire
Je suis alors bien mieux qu'un bête végétal
Dans ce bel et bref état de léguminosité
Cette courte lumière blanche et végétative
Ce moment riche de toutes les inutilités

PLB 4 Janvier 2011

Publié dans Poésie

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